Journée Mondiale de l'Asthme 2024

Changement climatique, pollution, asthme et idées reçues !

 

En France, comme dans l’ensemble des pays industrialisés, la prévalence de l’asthme ne cesse d’augmenter.  Plus de 4 millions de personnes sont atteintes en France, dont la moitié sont des enfants et 1 enfant par mois meurt d'asthme. Une maladie qui progresse et continue d’impacter chaque jour la qualité de vie de milliers de patients…

À l’occasion de la Journée Mondiale de l’asthme, la Fondation du Souffle propose ainsi de faire le clair sur cette maladie en déconstruisant quelques idées reçues, pour ainsi mieux la comprendre, mieux la prévenir et mieux la combattre.

 

Zoom sur l'asthme

VRAI et FAUX

La climatisation peut avoir des effets bénéfiques pour les personnes asthmatiques. En filtrant l’air, elle peut réduire l’exposition aux polluants et aux allergènes pouvant être responsables de crises d’asthmes. En déshumidifiant l’air, elle aide à prévenir la condensation et la croissance de moisissures. Attention toutefois, car en cas de mauvais entretien de la climatisation, les filtres sales peuvent emprisonner la poussière et les moisissures et favoriser le déclenchement de crises d’asthme. De même, il est maintenant admis que les changements brusques de températures peuvent être à l’origine de crises d’asthme. Il est donc important d’effectuer une maintenance sérieuse et régulière de la climatisation (surtout des filtres) et de ne pas créer d’écart trop important de température. De manière générale et lors de l’utilisation d’une climatisation, il est indispensable d’aérer l’habitat au moins 2x20 minutes par jour pour limiter l’exposition à la pollution intérieure.

FAUX

Cette maladie engendre encore près de 900 décès chaque année et est responsable de 60 000 hospitalisations par an1.

Réponse de l'expert : 
L’asthme est une maladie chronique variable et réversible qui évolue tout au long de la vie de la naissance à l’âge avancé. Il faut éviter qu’il se manifeste par des symptômes propres à chaque patient et il ne faut pas hésiter de solliciter des personnels de santé pour en parler

VRAI

C’est en réalité une maladie qui persiste toute la vie. Même si des phases de rémission peuvent durer plusieurs années et même si l’asthme peut disparaitre à la puberté. Si 95 % des personnes atteintes d’asthme pourraient obtenir un contrôle efficace de leurs symptômes grâce aux traitements disponibles, on estime que seuls 30 à 40 %2 d’entre eux y parviennent réellement.

Réponse de l'expert : 
L’asthme demande à être diagnostiqué, évalué et pris en charge. Le partenariat avec le patient est indispensable car il s’agit d’une affection chronique et le patient doit anticiper la trajectoire future de la maladie. Le traitement anti-inflammatoire supervisé par un professionnel de santé est la seule garantie d’un bon contrôle.

FAUX

En réalité, chez les asthmatiques bien contrôlés, il n’y a pas d’essoufflement en dehors des gènes respiratoires qui prennent des aspects variés selon les patients (toux, poids sur la poitrine, essoufflement sifflant, etc) mais celles-ci peuvent néanmoins être déclenchées par un effort.

Réponse de l'expert :
L’essoufflement est un signe anormal dans l’asthme ;en particulier si le patient est supposé prendre un traitement. L’essoufflement à l’effort nécessite une prise de contact avec un professionnel de santé, une évaluation du souffle (EFR, explorations fonctionnelles respiratoires) et un réajustement du traitement avec une évaluation de la technique de prise des médicaments inhalés.

FAUX

La sédentarité est responsable de l’aggravation de nombreuses maladies dont les pathologies respiratoires. La pratique d’une activité physique régulière comme la marche, la montée des escaliers, le vélo ou encore le bricolage, permet d’augmenter la performance cardiaque, d’améliorer la perfusion d’oxygène dans les muscles, de faire sécréter des substances qui vont améliorer l’arrivée de sang dans les organes, etc. En définitive, il est capital d’avoir une activité physique adaptée quand on est asthmatique afin de pouvoir vivre dans les meilleures conditions.

Réponse de l'expert : 
L’activité physique ou sportive doit se faire sous contrôle médical avec des précautions. Celles-ci doivent être détaillées dans un Plan d’Action Personnalisé et expliquées au patient dans le cadre de l’ETP.

FAUX

Le sport est essentiel pour la santé, mais il est important de prendre des précautions pendant les pics de pollution atmosphérique pour limiter les risques sur la santé respiratoire ! Tout d'abord, il faut prendre son traitement de fond comme recommandé par son médecin et utiliser un broncho-dilatateur rapide avant l'effort pour éviter l'asthme déclenché par l'effort. Il est important de privilégier les moments où la pollution est la plus faible, généralement tôt le matin ou tard le soir, d’éviter les zones très polluées, comme les centres-villes et les axes routiers fréquentés et de réduire l’intensité de l’effort. Les pics de pollution et le sport en plein air ne font pas bon ménage chez les asthmatiques, ils peuvent causer l’irritation des voies respiratoires et déclencher des crises d’asthme. La pratique d’activités en salle (comme la natation ou la musculation) doit être privilégiée. Pour finir, il est impératif de stopper immédiatement l’activité en cas de symptômes respiratoires et de respecter ses limites.

FAUX

Alors que sur les 4 millions de personnes atteintes d’asthme en France, la moitié sont des adultes ! Cette maladie se développe le plus souvent durant l’enfance, mais peut apparaître à tout âge de la vie. À noter que chez les plus jeunes, ce sont les garçons les plus souvent touchés, mais ce rapport s’inverse après la puberté. Et si le passage de l’enfance à la vie adulte est une période favorable à la disparition des symptômes, le fait d’avoir eu un asthme jeune constitue un facteur de risque de les voir réapparaître au cours de la vie adulte2.

Réponse de l'expert :
L’asthme est une maladie chronique ce qui signifie qu’elle est présente tout au long de la vie. La perception des symptômes et leur variabilité avec ou sans traitement constitue la difficulté pour comprendre la chronicité. Il peut exister des périodes longues de « lune de miel » sans symptômes et les patients se déclarent guéris. Cependant, comme pour le diagnostic, le contrôle de l’asthme ou sa rémission demande une approche par un professionnel de santé qui décidera comment continuer la prise en charge.

La recherche de nouveaux traitements continue !

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Les acteurs de la recherche

Le projet de recherche "Diminuer la réponse immunitaire de type 2 dans l’asthme" a été financé par la Fondation du Souffle grâce à la subvention des partenaires et à la générosité des donateurs.

Découvrez la dernière actualité recherche portant sur l'asthme !

 

En savoir plus

 

Regard de l'expert

Pr. Pascal ChanezLe Pr. Pascal Chanez, Président du Conseil Scientifique de la Fondation du Souffle 

 

 

Sous les murailles de Troie, Homère dans l'Iliade, emploie à propos de la suffocation mortelle d'Hector :

"αταρ ασθμα και ιδρως παυετ : suffocations et sueurs ont cessé".

C’est la première mention de l'asthme qui a connu, jusqu'à H Laennec, une confusion de définition avec toutes les autres formes d'essoufflements. L’asthme c’est un syndrome, malgré des découvertes importantes, notre ignorance de sa genèse et de son histoire naturelle est encore grande.

 

Qu'est ce que l'asthme ? 

 

L’asthme c’est un syndrome, malgré des découvertes importantes, notre ignorance de sa genèse et de son histoire naturelle est encore grande en 2016. Il n'existe pas un mécanisme unique, on parle d’une hyperactivité bronchique, c'est à dire le fait d’avoir "les bronches chatouilleuses". Malgré cette définition très descriptive, on arrive facilement par l'entretien avec un asthmatique à évoquer ce diagnostic. L’asthme est le fruit de la rencontre de gènes et d’un environnement permettant la révélation de ce patrimoine. Mais, l’asthme c'est aussi une inflammation et remodelage des bronches. C’est pourquoi un vigoureux effort de recherche est encore nécessaire pour mieux comprendre l'asthme mais surtout pour mieux traiter les asthmatiques.

 

Comment se manifeste l'asthme ? 

 

Les symptômes sont très variés et rapportés de façon différente d'un patient à un autre. Cela peut-être une toux isolée ou une sensation de pesanteur thoracique, jusqu'à une véritable détresse respiratoire avec des sifflements importants on parle alors aujourd'hui d'exacerbation en lieu et place de la classique "crise de Laennec" car ici le patient ne peut faire face de façon isolée et aura recours à son médecin de famille voire aux services d'urgence.

 

Comment évoluent ces symptômes ? 

 

Les symptômes sont variables et réversibles : variables et réversibles au cours de la vie, variables d'une saison à l'autre, variables et réversibles au cours de la journée, spontanément ou sous l'effet du traitement dont le plus connu est "la ventoline" un bronchodilatateur d'action immédiate qui ouvre les muscles des bronches mais ne traite pas du tout l'inflammation bronchique. La suspension momentanée des symptômes conduit souvent les patients à oublier l’asthme et à s‘abstenir d'un traitement et  d’un suivi médical régulier. Certaines personnes âgées sont persuadées de ne pas pouvoir avoir de l’asthme, parce que c’est dans leur esprit une maladie infantile. L'adolescence est la période de tous les dangers car elle conjugue arrêt du traitement et expérience des toxiques inhalés tabac et cannabis.

 

L'asthme "combien de divisions" ? 

 

C’est aujourd’hui une des maladies chroniques les plus fréquentes. Elle augmente toujours en fréquence et c’est la plus fréquente des maladies chroniques de l'enfant. 
Les recommandations nationales et internationales, la contribution des associations de patients ont permis une amélioration de la prise en charge globale de l’asthme dans la vraie vie et ont sans doute contribué à la diminution de la mortalité. Les traitements sont uniquement symptomatiques et globalement efficaces, cependant aucune guérison n’est encore envisagée. Le standard du traitement est d’éviter les facteurs favorisants et déclenchants, comme le tabagisme actif ou passif ; il convient d’éviter les expositions allergéniques documentées, d'anticiper les symptômes dans les situations de stress ou en cas de pics de pollution et les médicaments combinant anti-inflammatoires et bronchodilatateurs sont très souvent efficaces.

 

L'asthme comment cela marche ?

 

Lorsqu’on regarde les bronches de l’asthmatique à l'oeil en endoscopie ou en microscopie on voit de l’inflammation et les remaniements structuraux, c’est à dire que les cellules qui constituent le tissus normal comme l’épithélium (la peau des bronches), et les muscles entourant les bronches sont modifiés. Nous pensons que ces changements de structure (remodelage) expliquent le caractère chronique et persistant de l'asthme. Ce sont ces cellules de structure qui vont recruter et activer d’autres cellules effectrices de l’inflammation comme les éosinophiles qui sont les "petits soldats" de l'inflammation  qui entrainent les exacerbations que l’on peut comparer à des "éruptions volcaniques.

 

L'asthme se mesure t-il ?

 

Les symptômes sont le reflet de la perception de l'asthme par le patient. Certains patients ne ressentent aucune gène pourtant la mesure de leur fonction respiratoire révèle un déficit conséquent. Le souffle se mesure c'est indispensable au cours de la vie d'un asthmatique et cela permet d'apprécier la capacité respiratoire mais aussi sa variation et surtout son amélioration après la prise d'un traitement soit immédiatement(bronchodilatateurs) soit au long cours (anti-inflammatoires). Le pneumologue trouve ici toute sa place pour confirmer le diagnostic et envisager le futur.

 

Pourquoi des symptômes et des exacerbations ?

 

On retrouve une grande hétérogénéité dans les facteurs favorisants et déclenchants des symptômes et des exacerbations :ils surviennent à l’occasion d’une infection souvent virale, après une exposition à des allergènes, après un stress ou un pic de pollution. « Il existe un grand malentendu entre asthme et allergie. Il y a beaucoup d’asthmatiques qui ne sont pas allergiques et beaucoup d’allergiques qui ne sont pas asthmatiques. », Au cours de la vie les infections virales et les expositions aux allergènes sont fréquemment retrouvés chez l'enfant et les jeunes adultes. Ces facteurs sont parfois associés et contribuent à la récurrence et à la gravité des symptômes. Chez les asthmatiques adultes, il est souvent difficile de retrouver un seul facteur et souvent l'absence ou l'arrêt intempestif du traitement anti-inflammatoire de fond est à l'origine des exacerbations les plus graves.  Traiter les exacerbations c'est bien les éviter c'est beaucoup mieux. La tolérance zéro exacerbation est un objectif à atteindre et nécessite un solide partenariat entre patients et soignants.

 

Comment traite-t-on l'asthme en 2024 ?

 

Le standard du traitement est d’éviter les facteurs favorisants et déclenchants, comme le tabagisme actif ou passif; il convient d’éviter les expositions allergéniques documentées, d'anticiper les symptômes dans le situations de stress ou en cas de pics de pollution et les médicaments combinant anti-inflammatoires et bronchodilatateurs sont très souvent efficaces . Une inflammation bronchique nécessite un traitement anti-inflammatoire et les  microgrammes de la "fée cortisone"  en inhalation ont bouleversé le paysage de l'asthme sans entrainer après 30 ans d'utilisation des effets néfastes ...

Ces traitements ne sont pas toujours efficaces?

 

En effet certains patients ont un asthme sévère et les symptômes et les exacerbations persistent malgré un traitement, bien compris et bien pris en continu. Dans cette forme d'asthme, le développement de traitements ciblés (biothérapies y compris de nouvelles formes de désensibilisations allergéniques) issus de la recherche dans notre centre de recherche clinique permettent de  mieux contrôler symptômes et exacerbations chez des patients qualifiés de réfractaires jusqu'à présent. Une démarche est en cours pour prédire la réponse à ces traitements par l'utilisation de bio marqueurs dans le sang ou l'air exhalé. C’est le début d'une véritable approche plus personnalisée des traitements de l'asthme. Par ailleurs actuellement, en cas d'échec aux biothérapies, on peut effectuer sous endoscopie bronchique des traitements comme la thermoplastie bronchique qui consiste à diminuer le muscle des bronches qui se trouve anormalement augmenté chez les asthmatiques sévères.

 

Asthme 2023, quelles ambitions pour l'asthme ?

 

On pensera que guérir l'asthme léger sera un jour possible en utilisant de façon raisonnée ces nouveaux traitements pour prévenir les exacerbations au cours des périodes à risque; Nous allons certainement mieux contrôler et changer le cours évolutif de l'asthme sévère en combinant des approches innovantes en fonction de la chronologie des symptômes et des périodes à risque. Enfin il faut s'appuyer sur les patients, et le concept de "patient expert" est tout à fait adapté à l'asthme,  passe  par un compagnonnage avec les pairs et un appui sur les soignants, sans oublier le médecin de famille. Ces ambitions doivent également encourager une recherche fondamentale et clinique active et renouvelée, qui nécessite elle-même un soutien énergique des institutions et des moyens financiers pérennes.

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